Depuis plus de quinze ans, je puise mon inspiration et consacre une grande partie de mon temps et de mon énergie au Château du Boschet. Une demeure de plus de trois siècles, nichée dans les méandres de la Vilaine et perdue dans la campagne bretonne, un endroit riche de ces trésors en voie de disparition, le temps, l’espace, le calme.
J’y ai appris la technique et la rigueur que nécessite le travail de la terre, mais aussi le plaisir du toucher, de la force, de la douceur, de l’équilibre, le plaisir de l’infini…
J’aime m’approprier chaque petite partie de ce château, en prendre soin, tenter de la faire revivre. J’ai voulu un jour restaurer les épis de faîtage en terre cuite…
Tourner dans une pièce ronde…
L’évidence s’est imposée quand j’ai cherché où installer mon atelier. C’est une petite tour dans le château, liée à la temporalité du bâtiment. Chaque pièce qui en sort marque à jamais un moment de ma vie, une émotion à partager.
Tourner dans une pièce ronde…
J’y façonne, j’y crée, j’y tourne, j’y chante, j’y ris, j’y vis.
Même dans la répétitivité, chaque pièce est unique. Magie de cette terre que l’on ne dompte jamais tout à fait, magie des émaux. Magie de l’apparition, de la vision, de la concentration, de l’oubli.
Et puis… je chante… Hymne grégorien, air de la Renaissance, lute song baroque, chanson réaliste des années trente, je chante et laisse glisser ma voix sur cette terre en mouvement. Est-ce que mes doigts gravent cette musique dans la terre, comme le sillon d’un disque ? J’aime à penser que mes poteries recèlent une musique. Que chaque pièce peut révéler le secret que je lui ai chanté…